Maison Abandonnée

Une maison à l'architecture traditionnelle, une façade bétonnée délabré par la crasse, indice évident de l'absence total de vie dans cette chaumière, un vide lourd embrassant parfaitement un sentiment de néant post apocalyptique ainsi que la mort.

*Christian sentait la fatigue l'affaiblir et diminuer progressivement son énergie, depuis le début du voyage il gardait un oeil ouvert afin de conserver un état éveillé. Une fois de plus, le temps demeurait le meilleur remède à la panique et au stress, et ses courtes somnolences adoucissaient le danger de la situation, il était d'une humeur plutôt tranquille.*

Christian : Bon, sortez de la voiture, et pas de geste brusque.

*Jack sort de la voiture, les mains dans les poches. Il sait que Christian est instable et ne veut pas lui donner le dernier mot.*

Jack : Doucement avec l'arme, c'est pas un jouet.

*Toujours armé, Christian quitta rapidement la voiture, et gardait Jack dans son viseur. Sa voix était posé, mais empreint d'une tranquillité menaçante.*

Christian : Vous allez dévêtir votre armure, et n'essayez pas de m'avoir. Je n'hésiterais pas à tirer.

Jack : Je peux pas faire ça.

*Christian fût interloqué.*

Christian : Bien sûr que si ! Et vous allez le faire !

*Jack croise les bras*

Jack : Si j'enlève mon armure, je ne serais plus d'aucune utilité si jamais de nouvelles créatures nous attaquent. Et seul vous ne vous en sortirez jamais.

Christian : Vous me prenez pour un abruti ? Dès que j'aurais le dos tourné, vous en profiterez pour me nuire !

Jack : Enfin, Christian... Vous avez commis tellement de fautes durant le voyage que j'aurais pu vous tuer n'importe quand... Mais je ne l'ai pas fais.

*Christian sembla hésiter quelques secondes avant de baisser son arme.*

Christian : Je fais sans doute la plus grosse erreur de ma vie, mais je vous accorde ma confiance. Entrez donc.

*Jack sourit*

Jack : Parfait.

*Jack entre dans la maison les mains dans les poches*

*Christian regrettait déjà son geste, ce qu'il venait de faire aller à l'encontre de sa prudence habituelle, il pénétra dans la Maison à son tour. Un désordre assez chaotique y régnait, les meubles étaient renversés, des morceaux de verres recouvraient le plancher.*

Christian : Vous comptez donc m'aider à atteindre le Secteur 3 ?

Jack : Pourquoi ? Vous ne tolérez plus avoir un prisonnier armé ? Bien sûr que non. Je n'avais pas prévu que vous m'embarqueriez dans cette affaire, et je ne vois absolument pas comment atteindre ce secteur sans l'aide des autres du groupe. Sur-ce, j'vais pisser.

*Jack s'enferme dans les W-C et allume l'intercom de son armure*

Jack : *Intercom à tous les gars du groupe* Les mecs ? Vous me recevez ? J'ai été embarqué dans la voiture par la force, et le mec se dirige vers le secteur 3. Il est armé mais j'ai encore mon Benelli dans l'armure. Pas la moindre idée d'où je suis.

*Après de telles paroles, Christian savait pertinemment qu'il venait de commettre une erreur, ne faire confiance en personne aurait dû rester sa philosophie. Il colla son oreille à la porte des WC, il comprit rapidement que Jack ne parlait pas à lui-même, à partir de ce moment là, un dilemme s'offrit à lui. Avec son arme, il visa la porte, les balles ne devraient sans trop de mal la traverser vu la solidité assez relative de celle-ci. Il hésita quelques secondes avant de revenir en arrière, sa détermination ne lui suffisait pas à commettre un meurtre. Impuissant face à sa lâcheté, il soupira.*

Jack : *Intercom* Est-ce que quelqu'un m'entend ? Bordel, vous êtes tous morts ou quoi ?
*Jack interromps la conversation et sort des toilettes*

Jack : Le boulot est fait.

*Christian observa silencieusement pendant quelques secondes le visage de Jack.*

Christian : Je ne vous suis pas. Vous pensez qu'avec ce groupe de malades mentaux vous allez parvenir à quitter la Station ? Avec cette folle, qui n'hésite pas à torturer ses victimes et de les voir agoniser, presque dans un état orgasmique ?!

*Jack crois les bras, en fixant Christian dans les yeux*

Jack : J'ai passé beaucoup plus de temps avec eux que vous n'en avez mis avant de me kidnapper. Je connais ces hommes physiquement et spirituellement mieux que vous, si on ajoute le fait qu'on a affronté des dangers durant des jours. On a même perdu des hommes, entretemps... D'où pensez-vous avoir le droit de juger mon escouade sur le bref instant où vous l'avez cotoyé ?

*L'intensité menait un combat féroce contre la fatigue, et sa victoire se symbolisa par sa force plus grande dans les mots de Christian.*

Christian : Moi je veux vous dire, peu importe les actions d'un individu à partir du moment ou l'on assiste à une scène qui nous permet de crier "à bas les masques". Cette femme m'a sauvé la vie, et je lui en suis reconnaissant, mais ma gratitude a des limites. Elle ne suffit pas à fermer les yeux sur ce qu'elle a fait, sur cette séance de torture, sans dissimuler le plaisir que la souffrance de sa victime lui procurait. Ce n'est ni plus ni moins qu'une psychopathe. Alors même si elle a sauvé je ne sais qui juste avant, il faut pouvoir faire la part des choses. Moi j'ai eu le courage de la faire, pas les autres. J'assume la vérité.

Jack : Elle a regrettée son geste. Et encore une fois, vous ne savez rien d'elle. Vous ne savez rien de chacun d'entre nous. Vous ne savez pas quels ont été leur trouble mentaux, et ce n'est pas parce qu'une personne vous a sauvé qu'elle est forcément bonne. Chacun d'entre nous, moi y compris, avons faire des choses atroces que ce soit sur Terre ou dans ce vaisseau. Alors oui, peut être c'était une psychopathe, peut être qu'elle a tué un homme de sang froid, mais j'aurais presque envie de dire... Et alors ? Si vous ne pouvez pas reconnaître que personne n'est totalement blanc ou noir, reconnaissez qu'il y avait une part de bonté en elle.

*Christian s'emporta un peu.*

Christian : Et alors quoi ?! On relâche les prisonniers ?! On accorde notre confiance à tout le monde, parce que, peut-être ont-ils massacré des hommes, mais qui sait, il existe sûrement une part de bonté chez eux ?! Si je vous suis, avoir des doutes sur une femme qui prends plaisir à torturer quelqu'un avant de le tuer, c'est avoir une vision manichéenne de la société ? Cette folle là, OK, elle a peut-être une part de...Comment dites-vous ? Une part de bonté, mais quel est son impact lorsque la folie domine cette part ? Quel est le rôle de la bonté si ce n'est d'éviter de commettre ce genre de crime abominable ?! Ou était-elle sa bonté quand elle coupait ses doigts, un par un ?! Hein ?! Ou était-elle ?! OU ETAIT-ELLE ?!

*Ces derniers mots avait été hurlés, ce qui témoignait du profond impact de ce rôle de spectateur qu'avait dû jouer Christian dans une scène inhumaine. Paradoxalement elle constituait une preuve de la non cohérence de sa sature de la folie, car elle se posait en contraste de celle-ci.*

*Jack leva les yeux au ciel*

Jack : J'étais médecin dans une escouade au front. Et quand je dis au front, c'est... Qu'on arrivait avant la bataille pour infliger des dégâts moraux... Eh ouais, on venait avant tout pour buter des civils qui auraient pas eu le temps de s'enfuir... Vous voulez savoir où était la bonté là dedans ? Aucune. Est-ce que ca m'a empêché de devenir quelqu'un de "bien" ? Non. Il faut faire des choix dans la vie. Et parmi ses choix il y a celui de réparer du mieux que l'on peut ses erreurs. Chacun peut réparer ses erreurs, ne l'oubliez pas.

Christian : S'il y a bien une chose que la vie m'a enseigné, c'est son côté cruellement fataliste, on peut courir tant qu'on le peut, en évitant de se retourner, elle nous rattrapera toujours. Nos actions, notre passé, nos racines... Ce sont elles qui nous définissent.

*Christian repensa à son milieu, avant de revenir dans la dure réalité.*

Christian : Mais on s'égare, son action, elle ne l'a pas commis il y a dix ans, mais il y a quelques heures. Moi j'aurais juste une question à vous poser : Qu'avez-vous ressenti lorsque qu'elle lui a coupé les doigts ?

Jack : Moi ? J'en avais personnellement rien à faire.

*Christian poussa un soupire.*

Christian : La réalité c'est que vous êtes aussi fou qu'elle, vous êtes tous fous !

Jack : Vous l'êtes aussi, Christian.

*Cette remarque énerva considérablement Christian, la tension monta d'un cran. Il parlait rapidement avec véhémence.*

Christian : Mais qu'en savez vous ?! Qui êtes-vous pour porter un jugement arbitraire sous les apparences d'un constat ?! Vous ne me connaissez pas ! Vous ne connaissez rien de moi ! Je ne suis peut-être pas débrouillard, mais ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas fou ! Je ne coupe pas des doigts, moi ! Je ne massacre personne ! Je suis sain d'esprit, et quoi que vous disiez, ça ne changera pas !

*Pendant son court discours, il remontait lentement le canon de son arme, d'un geste davantage guidé par le subconscient que par la raison.*